13 œuvres dans la Forêt monumentale

La Forêt monumentale, un projet de la Métropole Rouen Normandie, a trouvé sa place pour cette deuxième édition dans celle de Roumare à Canteleu. Treize œuvres contemporaines ponctuent une promenade de quatre kilomètres. Un parcours avec de belles surprises.

Le parcours de la Forêt monumentale commence avec une œuvre interactive et ludique, Seesaw. C’est une longue balançoire de plus de 25 mètres de long — le record n’est pas battu. Jan Tyrpeki l’a fabriquée avec des troncs de bois, grossièrement taillés, qui seront plus tard réutilisés. Il a ajouté des tiges et des boulons en acier pour créer un contraste entre les matériaux. L’ambiance est ensuite poétique avec Le Monde dans un gland de Linfeng Zhou. Tombé sur le sol, ce gland géant, tout en bois, intrigue. D’autant plus que sa coquille fissurée permet d’entrer à l’intérieur, de s’asseoir et d’y rêver. Linfeng Zhou transforme la cupule en une rosace lumineuse, inspirée de celle de la cathédrale de Rouen. Tombé aussi mais certainement d’un nid, un gros œuf trône fièrement, tel un menhir. Origine des Plastiqueurs, fait de bois, d’acier et de 1 200 miroirs, reflète une image de la forêt et capte un paysage sur 360°.

L’atelier YokYok offre de drôles de manteaux en chaume pour jouer à cache-cache ou se transformer en personnages de dessins animés. Avec ces huttes, Samson Lacoste, Pauline Lazareff, Luc Pinsard et Laure Qaremy convoquent là « des esprits de la forêt ». Il était important pour ces quatre artistes d’utiliser un matériau local, récupéré sur un chantier de démolition.

En musique

Avec Baptiste Leroux, il est possible d’entendre Le Murmure des bois. En résidence avec le Frac de Normandie à l’institut médico-éducatif du Chant du loup à Canteleu, il a souhaite « faire travailler les enfants autour du son ». Neuf panneaux, représentant des animaux réels et imaginaires, sont sonorisés. Il suffit de scanner le QR Code pour écouter des poèmes sur l’environnement. De la musique, il y en a aussi avec Une Rivière sonore du possible de Will Menter. « La nature compose beaucoup de musiques différentes. Ici, j’ai voulu faire chanter les chênes. Chaque touche est celle d’un xylophone » avec cinq hauteurs de son. Des lames de bois suspendues à une structure sont frappées par des maillets que le vent ou le public déplace. Des sons résonnent ainsi en pleine forêt de manière aléatoire.

Pas de forêt sans animaux bien évidemment. Ewa Dabrowska réunit une famille de neuf sangliers, des sculptures de 90 centimètres à 1,50 mètre réalisées en bois torsadés autour d’une structure métallique. « Les sangliers se déplacent toujours en groupe. Ensemble, ils n’ont jamais peur. Mais ces animaux sauvages, comme beaucoup, voient leur habitat réduit. Ce qui est un réel problème ». S’il est logique de croiser des sangliers en forêt, il est plus surprenant d’être face à des chameaux. Camels de Jan Sajdak représente trois chameaux en osier tressé. Avec cette œuvre, l’artiste polonais veut « révéler la beauté de la forêt » et rappelle toute l’attention à porter à ce poumon vert. Sinon, « dans quelques années, il ne sera pas rare de voir des chameaux dans la région ».

Préserver la nature

Mathilde Caylou est tout aussi inquiète des sècheresses à répétition dans le monde. Au-dessus d’une mare, presque à sec, elle a installé L’Attrape-brume, 1 030 gouttes de verre, semblable à une toile d’araignée géante tissée d’une branche d’arbre à une autre. Elle s’est inspirée « des filets tendus dans les déserts pour attraper l’eau de pluie et perpétuer le cycle de l’eau ». Ce lustre immense prend diverses teintes au fil du jour et des saisons. Du manque d’eau, il en est aussi question dans Compluvium. Francisco Parada et Laura R. Salvador ont construit ce cube en bois, en fibres de verre et en lin pour « voir et entendre tomber la pluie. C’est une expérience sensorielle ».

La forêt prend un caractère sacré avec le collectif Boa Mistura qui a donné les couleurs des vitraux de la cathédrale de Rouen à 370 arbres. Du rouge, du rose, du jaune, de l’orange, du violet, du bleu illuminent cette petite forêt au caractère mystique aussi grande que l’édifice rouennais. Une autre cathédrale a pris place dans la forêt de Roumare. Celle d’Olivier Thomas avec une architecture en bois qu’il considère comme un manifeste pour la sauvegarde de la nature. « Je ne suis pas sûr qu’il soit pertinent d’aller couper de grands arbres pour reconstruire la cathédrale de Paris. Je n’ai pas la réponse mais je me pose la question. Il faut préserver autant le patrimoine bâti que le patrimoine naturel », remarque Olivier Thomas.

Pour ce faire, il vaut mieux prendre de la hauteur avec A Ladder to heaven. Le Bayona Studio fait grimper deux personnages, tout rouges, sur une très longue échelle accrochée à un arbre. Encore quelques barreaux et ceux-là pourront toucher le ciel.

Grâce à Thomas Dambo, la forêt de Roumare a désormais son géant, une œuvre pérenne. Cet homme, au regard mélancolique, se prélasse à côté d’un arbre. Le sculpteur danois fait ainsi un clin d’œil à Gorgon. « Je me suis inspiré de son histoire. Pour le construire, j’ai travaillé avec des matériaux recyclés uniquement. Il n’est pas besoin de produire des déchets pour faire de l’art ». Le Géant dans la forêt se pose en gardien d’un village et des arbres.

Infos pratiques

  • Forêt domaniale de Roumare, route de La Vaupalière à Canteleu
  • Gratuit
  • Aller en forêt en transport en commun avec le réseau Astuce